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Tout autre individu qui ferait abattre un bœuf aurait à payer une amende de cinquante-quatre à cinquante-six francs, prix ordinaire d’un petit bœuf.

Le nombre des esclaves est aujourd’hui bien moins considérable qu’autrefois, et va toujours en diminuant. On n’en rencontre plus guère, au moins dans les provinces centrales, que chez les grandes familles nobles. Sont esclaves : ceux qui naissent d’une mère esclave, ceux qui se vendent ou sont vendus par leurs parents comme tels, enfin les enfants abandonnés qui sont recueillis et élevés ; mais, dans ce dernier cas, l’esclavage est personnel, et les enfants de celui qui a ainsi perdu sa liberté naissent libres. L’esclavage est très doux dans ce pays ; généralement on ne garde et on n’emploie comme esclaves que les jeunes gens, surtout les jeunes filles, pour le service intérieur de la famille. Quand ils sont en âge de se marier, les garçons sont le plus souvent laissés libres de se retirer où ils voudront, à seule charge de payer au maître une espèce de capitation annuelle ; d’autres fois, le maître les garde auprès de lui et les marie à quelqu’une de ses esclaves. Les filles demeurent dans la famille du maître, et après leur mariage habitent une petite maison à part. Elles sont astreintes à quelques travaux, et tous leurs enfants appartiennent au maître.

Le maître a droit de vie et de mort sur ses esclaves ; néanmoins, s’il usait de ce droit dans les circonstances ordinaires, ou même s’il les frappait trop violemment, il serait justiciable des tribunaux. Les missionnaires assurent qu’il y a peu d’excès de ce genre. En somme, le sort des esclaves est souvent préférable à celui des pauvres villageois, et il n’est pas rare de voir des gens du peuple se réfugier auprès des grands, demander à épouser leurs esclaves, et à devenir esclaves eux-mêmes, pour se mettre à l’abri des exactions et des violences des nobles ou des mandarins.