Page:Launay - Étrennes aux grisettes, 1790.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[ 8 ]

avant de s’en occuper, il lui importe bien essentiellement de recueillir ses autorités.

« Il fut un temps, dit Désessarts dans son dictionnaire de police, page 42, art. 33, que les femmes débauchées avoient un quartier désigné pour leur prostitution. Nulles d’entr’elles ne pouvoient s’en écarter sans encourir une punition très-sévère, dont les suites bien souvent entraînoient la perte de la privation de leur état «.

Ah ! monsieur le maire, comme tout change avec le temps ! Cette loi admirable sommeille aujourd’hui dans la plus effrayante léthargie ; la lubricité s’est tellement propagée de nos jours, qu’il n’est pas une rue, pas même une seule maison où, sous le titre apparent de fille honnête, il ne soit possible de compter au moins une grisette la plus dépravée : cette branche de commerce jadis si florissante et si lucrative pour l’exposante, semble, s’il est permis de s’exprimer ainsi, aujourd’hui tombée en désuétude par le grand nombre de rejettons qu’elle a produit.

« A mesure que les mœurs s’altérèrent, continue ce respectable auteur, il s’est fait des règlemens moins sévères qui donnèrent lieu à une foule d’abus qui se sont cruellement fait