Page:Laurenceau - Le Petit neveu de l'Arretin, ouvrage posthume trouvé dans le portefeuille de son grand oncle, BnF Enfer-373, 1800.djvu/67

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Faut-il bandant encor pour l’ingrat qui me brave,
M’embarquer sur sa flotte et le suivre en esclave ?
Pour prix de mes bienfaits voir des soldats bourrus
Insulter lâchement qui les a secourus,
Et peut-être leur chef (ô chagrin qui me tue !)
Se foutre d’une amante après l’avoir foutue ?
Eh ! ne connais-tu pas, imprudente Didon,
Les parjures enfans du faux Laomédon ?
Dois-je seule au milieu de ces fringantes pines
Exposer de mon con les modestes babines ?
Irai-je avec les miens ? Mon peuple obéissant
Fera-t-il avec moi ce voyage indécent ?
Entrainerai-je encor sur la liquide plaine
Ceux que je n’ai de Tyr arrachés qu’avec peine ?
Non, non ; trop vains projets : meurs plutôt, garce, meurs ;
Termine avec le fer ta vie et tes douleurs.

C’est toi, ma sœur, c’est toi dont l’amitié funeste
A placé sur ma motte un vit que je déteste,
Toi par qui ce serpent réchauffé dans mon sein,
A d’un poison mortel abreuvé mon vagin,