Page:Laurenceau - Le Petit neveu de l'Arretin, ouvrage posthume trouvé dans le portefeuille de son grand oncle, BnF Enfer-373, 1800.djvu/79

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Et que son cœur ingrat, s’il connaît le remord,
Emporte le tourment d’avoir causé ma mort.
Il manquait à son vit d’être un vit régicide. »

La barbare à ces mots s’apprête au suicide.
Le dépit furieux arrache ce corset
Qu’en des tems plus heureux l’amour seul délaçait,
Brise ces vains cordons dont l’utile artifice
Étayait de son sein le mobile édifice.
Ce sein qu’elle revoit éclatant de blancheur,
Coûte encor un soupir, un regret à son cœur ;
Mais sans plus s’amuser enfin à la moutarde,
Elle y plonge en courroux le fer jusqu’à la garde. !
De la plaie, à grands flots, son sang sort en fumant,
Et son bras sur son lit tombe sans mouvement.
De mille cris confus soudain les airs frémissent,
Les murs en sont frappés, les voûtes en gémissent ;
Les femmes en clameurs exhalant leurs regrets,
De leurs longs beuglemens emplissent le palais.
De ce malheur subit la nouvelle semée
Germe, et dans la rumeur met la ville alarmée ;