Page:Laurencin, Delaporte - Monsieur et Madame Denis.pdf/5

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LUCILE.

Non, monsieur, non… je ne vous ai que trop écouté déjà… et j’ai eu bien tort de quitter mon pensionnat.

NANETTE.

Un enlèvement ?

LUCILE.

Je veux y retourner.

GASTON, la retenant.

Y songez-vous ?

LUCILE.

Vous n’avez pas à craindre les reproches et la colère de madame la supérieure, vous.

GASTON, souriant.

C’est vrai… mais ni vous non plus… nous en voilà à quinze lieues.

NANETTE, riant.

Oh ! alors…

LUCILE.

Et mon tuteur, qui sans doute nous poursuit.

GASTON.

Oh ! avec sa goutte qui le fait marcher ainsi. (Il marche en boitant comiquement.)

NANETTE, riant.

Ah ! ah ! ah ! (Elle va prendre la tête à perruque et la porte à gauche.)

LUCILE, riant et pleurant à la fois.

Je vous défends de me faire rire, monsieur.

GASTON.

Eh bien, parlons sérieusement… Je vous aime comme un fou… et vous m’aimez aussi un peu.

LUCILE.

Oh ! non… plus du tout.

GASTON.

Plus du tout ?… pas plus que ce vilain employé des gabelles que votre tuteur veut vous donner pour mari… hein ?

LUCILE.

Laissez-moi.

GASTON.

Mais vos parents s’y opposeront…. Ils protégeront notre amour, eux qui s’aiment tant aujourd’hui encore.

NANETTE, revenue à droite auprès de Lucile.

Ah ! ça, c’est vrai… au point qu’on les chansonne. (Chantant.)

–––––––En mil sept cent un, mon cœur
GASTON.
–––––––Vous déclara son ardeur.
LUCILE, surprise et cherchant à se rappeler.
–––––––––Souvenez-vous-en…