Page:Laurent - La Poésie décadente devant la science psychiatrique, 1897.djvu/18

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lie et Juliette étaient belles jusque dans la mort. Et ces pâles et anémiques jeunes filles au teint exsangue, aux yeux alanguis, ces chlorotiques fiancées que la puberté décolore et rend si fluettes, ne sont-elles pas belles ? On dirait des lis malades, éclos trop vite sous l’œil trop blanc du matin.

C’est dans cette poésie morbide et cependant quelquefois pleine de grâce, que je voudrais faire une excursion, en quelque sorte médicale, pour y retrouver la trace, ou mieux le reflet de ces stigmates de dégénérescence, dont les aliénistes ont marqué au front notre race névrosée et détraquée.

Nous allons voir comment le désordre des nerfs et le déséquilibrement des pensées se traduisent en poésie.