Page:Laurent Tailhade - La Noire Idole - Leon Vanier editeur - 1907.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Soyez bénis, en somme,
Sucs, qui versez à l’homme
Au visage pâli
Le calme oubli.[1]


En revanche, les hommes politiques recourent fréquemment au coup de fouet de la piqûre. Le docteur Louveau, en 1887, au moment de l’affaire Schnœbelé, a vu, dans les jardins de l’Élysée, le général Boulanger se faire une piqûre. Le prince de Bismarck ne parlait au Reichstag qu’après s’être injecté une assez forte dose. Vers le soir de sa vie, il usa largement de la drogue favorite.

L’acteur Marais, morphinomane enragé, mourut en pleine démence, vers la quarantième année. Il se croyait en vérité Michel Strogoff. Il se prenait de querelle dans les rues avec des passants inoffensifs, « pour Dieu, pour le tzar, pour la Patrie » ! Le beau Damala ne pouvait jouer La Dame aux camélias sans se faire donner, à chaque entracte, plusieurs grammes de morphine. Guy de

  1. Rosa mystica, Lemerre, 1884