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Page:Laurent Tailhade - La Noire Idole - Leon Vanier editeur - 1907.djvu/30

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sur « le corps astral ». Par ésotérisme, il s’était rendu cocaïnomane. Il apercevait de temps à

    Comment ? Par la vertu du sang. Ceci paraîtra clair si l’on saisit la portée des quelques lignes que voici, traduites de Porphyre : « L’âme restant liée au corps, même après la mort physique, par une tendresse étrange et une affinité d’autant plus étroite que cette essence a été séparée plus brusquement de son enveloppe, nous voyons les âmes en grand nombre voltiger, toutes désorientées, autour de leurs dépouilles terrestres. Bien plus, nous les voyons rechercher avec diligence les débris de cadavres étrangers et, sur toute chose, le sang fraîchement épandu, dont la valeur semble leur rendre, pour quelques instants, certaines facultés de la vie.

    « Aussi, les sorciers abusent-ils de cette notion, dans l’expérience de leur art. Nul d’entre eux qui ne sache évoquer de force ces âmes et les contraindre à paraître, soit en agissant sur les restes du corps qu’elles ont quitté, soit en les invoquant dans la vapeur du sang répandu. » (Porphyre, De sacrificiis.)

    … Le sang, comme le laisse entendre ce théosophe, est un aimant des puissances spirituelles ; car il leur fournit le moyen de s’objectiver et de ressaisir un instant quelques-unes de leurs virtualités antérieures… La cocaïne est féconde en prodiges de cette sorte… La puissance configurative et plastique du sang peut réagir sur les êtres potentiels qui se dérobent à l’état d’essence derrière son voile cristallin — et les manifester au dehors. Mais ce mélange théurgique a la valeur d’un pacte. Il sera bon d’y prendre garde.

    Stanislas de Guaita, Le Serpent de la Genèse. Première Septaine : Le Temple de Satan, cap. VI (Librairie du Merveilleux, 1891).