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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/167

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L’ÉCRIN DU RUBIS

scandalisa la bourgeoisie de 1830. La hardiesse de son langage figuré le fit déclarer de mauvaise compagnie. Plusieurs journaux de Modes le proscrivirent longtemps de leurs colonnes ; et ceux qui défendaient sa cause y mettaient une retenue qui témoigne du même sentiment effarouché qu’affectait la Femme à s’en parer. Jamais un croquis n’en accompagnait la description furtive et un peu honteuse. Toute complaisance ici, eût ressemblé à l’audace d’un galantin qui, au milieu d’une assemblée ou dans la rue, eût sans vergogne troussé les jupes d’une femme, ou profité d’un moment d’inattention de sa part pour glisser un œil polisson dans les parages interdits. Et c’était déjà bien osé pour un chroniqueur de 1840 d’évoquer cette privauté hardie, en racontant qu’au Bois où il était allé jouir de la grâce des patineuses, il avait remarqué qu’une d’elles ne devait pas avoir de pantalon, ou qu’elle le portait fort court, car, disait-il, quoique le vent agitât le bord de sa robe, il n’avait vu au-dessus du brodequin qu’une jambe bien tournée.

Le mot seul de pantalon choquait la décence, que dire de la chose elle-même avec sa large échancrure coulissée qui proclamait en termes si ouverts son office ? La pudeur trouva pour en parler une périphrase d’une préciosité charmante qui eût mérité de survivre, comme telles autres fleurs précieuses de l’Hôtel de Rambouillet : le « rusé inférieur » pour le cul ; les « coussinets d’amour » pour les seins ; la « friponne » et la « secrète » pour les