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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/168

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L’ÉCRIN DU RUBIS

jupes de dessous ; « le plaisir innocent de la chair » pour l’ongle de certain doigt.

Donc la précieuse de 1830 s’était piquée d’envelopper sa modestie d’une circonlocution non moins exquise que ce qu’elle désignait. « Je me suis assurée », disait-elle en se rendant au bal ou au patinage, où l’on peut toujours, en effet, craindre d’avoir sous ses pas quelque indiscret pour s’écrier : « Oh ! oh ! c’est une Impératrice ! »

— Je suis assurée ! quel joli mot sur une jolie bouche ! Et voyez tout ce qu’il suggère d’images folâtres, de sous-entendus fripons, de pudiques gestes de défense contre une entreprise inattendue ! Si bien que dans ses réticences, la périphrase devenait plus graveleuse encore que le mot dont elle s’offusquait.

Ce fut le cas d’un autre vocable emprunté à la langue anglaise un peu plus tard, et d’une afféterie également délicieuse. On appela le pantalon l’inexpressible, — l’inexpressible, c’est-à-dire cette chose qui, dans le monde, ne peut être nommée, pas plus que ce qu’elle est destinée à couvrir aux yeux de la vertu. Euphémisme bien digne de l’incivilité grivoise de son objet.

La crinoline en imposa un autre qui tirait aussi toute sa saveur de ce qu’il laissait à deviner : l’indispensable. La traîtrise de ces cerceaux de si vaste envergure qu’un amant surpris dans un agenouillement non équivoque y pouvait, à l’insu de l’importun, continuer son office, faisait une nécessité de certaines précautions