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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/22

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L’ÉCRIN DU RUBIS

voile dont la Femme couvre son rubis jusqu’aux pervers maléfices des enveloppements de sa robe. Chemise, corset, pantalon, jupon, bas, jarretière et chaussure, dans la variété infinie de leurs formes, le chatoiement des tissus, la gamme chantante des couleurs et des blancs de neige, les mousses écumeuses des dentelles et les vapeurs plus opaques de la broderie, tous ces riens, fanfreluches, frivolités et rubans, chauds de leur étreinte de la chair, ou reposés de ses baisers, dans le calme odorant de l’armoire, surpris ou devinés quand ils babillent ou butinent sous les profondeurs de la jupe, ou quand encore marbrés des frissons charnels ils gardent le secret des pudeurs virginales ou déflorées, tous ces riens sont le poème où la Femme disperse chaque jour la perpétuelle floraison de son âme.

Mundus muliebris, monde des chastes, des voluptueuses et des perverses intimités de la Femme, mundus muliebris, âme, reflet, et apparence mystique de son corps, divin mirage de la beauté, illusion parmi les illusions, toi seule ne déçois pas les souhaits si divers et mobiles de l’âpre désir !

Comment toutes ces étoffes, tous ces voiles légers et diaphanes, ces velours plombants, ces satins lumineux, ces soies, ces linons, ces batistes ajourées ou garnies de dentelles, comment tout cela a-t-il pu s’éveiller en quelque sorte à la vie sensuelle, prendre pour nous figure de choses vivantes, de formes frémissantes, de chairs par-