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L’ÉCRIN DU RUBIS

effort, cette chose si gracieusement modelée et pleine, si mystérieusement placée avec son sillon plongeant dans je ne savais quelle obscurité tentatrice, tellement bien gardée contre l’indiscrétion et dont les obstinées fragrances éveillent les premières curiosités sensuelles de l’enfant.

Je ne saurais dire quelle part ont eue au prestige de la Femme l’art qui l’a déifiée et les mœurs qui ont veillé sur sa vertu et l’ont enveloppée d’un réseau de pudeurs et d’adulations. Mais je suis bien certaine que l’admirable poème d’incantation morbide que nous sommes, — attraits des yeux, joie qui passe, fleur de toutes les saisons, sourire et parfum de la vie, ivresse ensorcelante, — tient toute sa magie de la robe. La robe n’est pas seulement le chatoyant coloris qui pointille nos rues de mille notes claires, fraîches et embaumées comme autant de fleurs animées et mouvantes ; ce n’est pas ce continuel miracle de jeunesse et de séduction, cette création quotidienne de la beauté ; elle est mieux encore que le sourire adorable qui traîne sa caresse devant nos pas et illumine le décor maussade de la vie ; elle est la souveraine illusion dans un monde dont la science a dissipé les nuées où se cachaient les dieux.

« Par la nudité, écrit Mme Lucie Delarue-Mardrus,