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L’ÉCRIN DU RUBIS

plus le libertinage musqué et à huis-clos d’autrefois, et par la folle vogue du sport à qui nous devons cette affreuse aberration du nudisme. N’ai-je pas lu qu’une des plus jolies vedettes du Cinéma, Dolly R....., a le goût assez perverti pour ne se vêtir chez elle que de sa peau, le jour comme la nuit, ne faisant d’exception à cette règle que pour s’envelopper d’un grand châle de Chine quand elle reçoit. Je n’ignore pas quelle sensualité un peu brutale est au fond de cette fantaisie qui se réclame d’un retour à la nature. J’avoue que je m’y suis moi-même abandonnée tout un été, non point par amour du nu, mais pour expérimenter la perversité d’une provocation où je bravais dans les désirs de mes amies et des femmes de mon service la tentation que j’étais à moi-même. J’y apportais à la fois une grâce naturelle, une bravade des préjugés et une audace de ton qui, dès le premier jour, en imposèrent jusqu’à changer en approbation la stupéfaction d’un tel scandale. J’avais le soin de rehausser ma beauté d’un collier de perles à plusieurs rangs, d’anneaux massifs au poignet et à l’avant-bras, et quelquefois d’une ceinture d’or dont un pendentif orné d’un gros rubis balançait son symbole où la nature a placé son plus précieux joyau. Un sentiment très complexe m’animait dans cette fantaisie. Je n’y recherchais pas l’excitation directe tirée du spectacle de ma nudité, mais un émoi de qualité plus quintessenciée. C’était de me savoir avec indifférence et sans intention,