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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/44

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L’ÉCRIN DU RUBIS

l’objet du trouble que ma tenue répandait autour de moi. C’était, en une espèce d’abstraction de moi-même, de jouir du piquant contraste que faisait sur le décor de la vie courante, l’érotisme du marbre parfait de mon corps où la richesse de souliers à talons sertis de pierreries, et les bas des plus suaves nuances, à broderies ou applications de dentelles, maintenus par des bracelets d’or, mettaient le rehaut d’une corruption Régence.

Tout un été, traînant avec nonchalance sous les ondes molles d’une lumière adoucie par les grands rideaux, les grâces voluptueuses de mon nu, je savourai dans le reflet des prunelles où j’allumais un feu dont me gardait une stricte chasteté, l’irritante image des jouissances secrètes qui montaient vers moi.

C’est une subtilité vicieuse analogue à celle, dont en un de ses livres de la collection des Orties blanches nous fait confession Sadie Blakeyes, de certaine Miss qui, à se faire flageller, goûtait surtout l’émoi de savoir les beaux yeux de sa partenaire posés là où sa chair était la plus secrète, de se trouver devant elle, de lui faire, en quelque sorte, l’offre de toute sa fierté, le don de toute sa personne, et de jouir de la danse impudique de sa croupe à travers la volupté de celle qui la fessait.

Mais pour en revenir à miss Dolly qui a certainement des imitatrices, y a-t-il rien qui ôte l’appétit aux délicats comme de leur tenir table ouverte toute la journée ? Et de quels plaisirs ne se privent-elles pas elles-mêmes