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L’ÉCRIN DU RUBIS

ser son gant. Voyez à la Cour de la reine de Navarre ou de Catherine de Médicis le souci qu’ont les dames de leurs chausses bien tirées sur la jambe parce qu’elles savent quel appoint de lasciveté à les avoir tendues comme la peau d’un tambourin. Leurs grèves ainsi bien accommodées, la jarretière ou l’aiguillette à ferrets d’or proprement nouée, que d’habiletés pour en faire parade sous leurs jupes jusqu’à laisser apercevoir les beaux caleçons de toile d’or ou d’argent mignonnement faits où elles enfermaient leur cas.

On nous cite un ancien roi de France longtemps féru d’amour pour une belle inconnue sur la foi d’un gant perdu par elle au cours d’un bal masqué et précieusement gardé par lui. Faut-il s’étonner alors de ce gentilhomme dont parle Brantôme, s’éprenant subitement d’une honneste dame qui fit mine, un jour, dans un parc de perdre sa jarretière, s’arrête, hausse sa jambe, se met à tirer sa chausse et rhabille soigneusement le galant ruban dont est paré son genou.

Franchir de la main ou du regard le seuil de cet inconnu qu’est le monde de la robe, pénétrer dans la région interdite dont elle est la limite, en violer les beautés confiantes en leur nid de dentelles, repaître son désir des senteurs chaudes des voiles énamourés, ce fut affaire où la sensualité trouva toujours sa plus chère délectation. Il n’est astuces ni ruses qu’elle n’ait employées à la servir. Indépendamment des occasions qu’offrait le retroussé qui