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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/71

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L’ÉCRIN DU RUBIS

fut mieux qu’une mode, un art où excellait la Parisienne, indépendamment des accidents fortuits qui vous faisaient le témoin d’une femme réparant quelque désordre de sa toilette de dessous, ou accroupie par besoin de nature, liberté dont ne se privaient pas les grandes et honnestes dames d’autrefois, toutes ces roueries, les mêmes depuis que la parure est devenue le piment du désir, n’ont jamais tourné qu’à s’assurer la vue de la Femme surprise par en bas. C’est le plat des gourmets.

L’auteur des Dames Galantes et ses amis de la Cour en raffolaient. Quelques contes qu’il nous fait témoignent que dans les fêtes et cérémonies le spectacle pour eux se donnait surtout au-dessus de leurs têtes, par les joints des ais de l’estrade où les femmes avaient pris place. Là, cachés sous les gradins, ils avaient loisir de passer la revue des beautés en réputation, de violenter du regard les charmes qui se réservaient à d’autres et d’en jouir dans les atours de leur intimité la plus secrète. Pressées et comme fondues l’une dans l’autre, les larges vertugadins de magnifique brocart élevaient au-dessus d’eux, sur les fûts jumellés de colonnes vivantes, la voûte d’un paradis de promesses orgiaques, tapies dans la richesse des caleçons.

Mais ce que les hommes ignorent, c’est que nous nous faisons une perversité des plus délectables de nous savoir ainsi, à leur insu, fouillées par leurs regards, ou sous l’apparence de la plus complète indifférence, de jouir