Page:Lautreamont - Chants de Maldoror.djvu/311

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est retombé lourdement sur la planche, les bras pendants, la casquette lui cachant la moitié de la figure, et les jambes battant le gravier dans une situation d’équilibre instable, de moins en moins rassurante. Il reste longtemps dans cette position. Vers l’entrée mitoyenne du nord, à côté de la rotonde qui contient une salle de café, le bras de notre héros est appuyé contre la grille. Sa vue parcourt la superficie du rectangle, de manière à ne laisser échapper aucune perspective. Ses yeux reviennent sur eux-mêmes, après l’achèvement de l’investigation, et il aperçoit, au milieu du jardin, un homme qui fait de la gymnastique titubante avec un banc sur lequel il s’efforce de s’affermir, en accomplissant des miracles de force et d’adresse. Mais, que peut la meilleure intention, apportée au service d’une cause juste, contre les dérèglements de l’aliénation mentale ? Il s’est avancé vers le fou, l’a aidé avec bienveillance à replacer sa dignité dans une position normale, lui a tendu la main, et s’est assis à côté de lui. Il remarque que la folie n’est qu’intermittente ; l’accès a disparu ; son interlocuteur répond logiquement à toutes les questions. Est-il nécessaire de rapporter le sens de ses paroles ? Pourquoi rouvrir, à une page quelconque, avec un empressement blasphématoire, l’in-folio des misères humaines ? Rien n’est d’un enseignement plus fécond. Quand même je n’aurais aucun événement de vrai à vous faire entendre,