Page:Lautreamont - Chants de Maldoror.djvu/42

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prière. Quand, au matin, le soleil montrera ses rayons resplendissants et que l’alouette joyeuse emportera avec elle, son cri, à perte de vue, dans les airs, tu pourras rester encore au lit, jusqu’à ce que cela te fatigue. Tu marcheras sur les tapis les plus précieux ; tu seras constamment enveloppé dans une atmosphère composée des essences parfumées des fleurs les plus odorantes.

— Il est temps de reposer le corps et l’esprit. Lève-toi, mère de famille, sur tes chevilles musculeuses. Il est juste que tes doigts raidis n’abandonnent l’aiguille du travail exagéré. Les extrêmes n’ont rien de bon.

— Oh ! que ton existence sera suave ! Je te donnerai une bague enchantée ; quand tu en retourneras le rubis, tu seras invisible, comme les princes, dans les contes de fées.

— Remets tes armes quotidiennes dans l’armoire protectrice, pendant que, de mon côté, j’arrange mes affaires.

— Quand tu le replaceras dans sa position ordinaire, tu reparaîtras tel que la nature t’a formé, ô jeune magicien. Cela, parce que je t’aime et que j’aspire à faire ton bonheur.

— Va-t’en, qui que tu sois ; ne me prends pas par les épaules.

— Mon fils, ne t’endors point, bercé par les rêves de l’enfance : la prière en commun n’est pas