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Page:Lautreamont - Chants de Maldoror.djvu/52

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que je ne sais que te répondre… Je crois qu’il veut rire.

— Oui, oui, c’est vrai, je voulais rire ; ne fais plus attention à ce que j’ai dit.

Il s’est affaissé, et le fossoyeur s’est empressé de le soutenir !

— Qu’as-tu ?

— Oui, oui, c’est vrai, j’avais menti… j’étais fatigué quand j’ai abandonné la pioche… c’est la première fois que j’entreprenais ce travail… ne fais plus attention à ce que j’ai dit.

— Mon opinion prend de plus en plus de la consistance : c’est quelqu’un qui a des chagrins épouvantables. Que le ciel m’ôte la pensée de l’interroger. Je préfère rester dans l’incertitude, tant il m’inspire de la pitié. Puis, il ne voudrait pas me répondre, cela est certain : c’est souffrir deux fois que de communiquer son cœur en cet état anormal.

— Laisse-moi sortir de ce cimetière ; je continuerai ma route.

— Tes jambes ne te soutiennent point ; tu t’égarerais, pendant que tu cheminerais. Mon devoir est de t’offrir un lit grossier ; je n’en ai pas d’autre. Aie confiance en moi ; car, l’hospitalité ne demandera point la violation de tes secrets.

— Ô pou vénérable, toi dont le corps est dépourvu d’élytres, tu me reprocheras avec aigreur de ne pas aimer suffisamment ta sublime intelligence,