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Page:Lauzun - Itinéraire raisonné de Marguerite de Valois en Gascogne d'après ses livres de comptes (1578-1586), 1902.pdf/30

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siège de Saintes, puis peu après de rendre à Mayenne le port de Brouage, joints à sa mésintelligence avec le roi de Navarre dont il jalousait la supériorité, faillirent faire perdre aux protestants ce qu’ils avaient péniblement gagné par la trêve de Monsieur. Aussi accueillirent-ils favorablement les propositions de paix de la Cour de France et signèrent-ils, le 15 septembre 1577, la trêve de Bergerac, confirmée le 5 octobre suivant par l’édit de Poitiers. Ils obtenaient comme par le passé le libre exercice de leur religion dans tout le royaume, la restitution de leurs charges, la création de nouvelles chambres mi-partie, enfin un plus grand nombre de places de sureté dont Périgueux, La Réole et le Mas-Verdun pour le gouvernement de Guienne.

Tout faisait croire à une paix durable. Mais comme toujours les deux partis se montrèrent mécontents. La Ligue trouva outrées les concessions faites aux Réformés et devint de plus en plus menaçante. De leur côté, les religionnaires ne désarmèrent pas.

Laissant sa jeune sœur Catherine de Bourbon le représenter à Pau et à Nérac, Henri de Navarre s’était retiré à Agen, poste avancé, d’où il surveillait plus facilement la basse Guienne, le Périgord et le pays Toulousain. Ayant à se plaindre de l’amiral de Villars que la Cour lui avait imposé comme lieutenant en Guienne, Henri avait à la conférence de Bergerac demandé son remplacement. On lui envoya le maréchal de Biron, Armand de Gontaud, rude soldat, médiocre diplomate. Nous verrons dans la suite que le roi de Navarre ne gagna pas au change.

Tout d’abord leurs relations furent presque amicales. Les lettres qu’écrivit Biron aux Consuls d’Agen en septembre 1577 le prouvent suffisamment[1]. Ceux-ci, on le sait, commençaient à supporter difficilement dans leurs murs la présence du jeune prince et de son turbulent entourage[2]. Malgré les sages édits que depuis un an il avait pro-

  1. Arch. mles d’Agen. BB. 33. La plupart des lettres du maréchal de Biron aux Consuls d’Agen ont été publiées par M. G. Tholin dans le Recueil de la Société académique de cette ville, t. ix, 2e série, p. 125-160, 1885.
  2. Nous ne reproduirons pas ici la légende, devenue fameuse quoique entièrement fausse, d’après laquelle en cette année 1577 Henri de Navarre aurait surtout mécontenté les bons bourgeois d’Agen, en s’avisant avec ses favoris « d’éteindre au milieu d’un bal les chandelles pour faire main basse sur les belles dames gasconnes et violenter, soit une certaine Anne de Cambefort, qui, nouvelle Lucrèce, se serait précipitée par la fenêtre pour conserver son honneur », soit une autre, Catherine Duluc, fille d’un médecin, que certains auteurs, sans aucune preuve à l’appui, substituent à la