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Page:Lauzun - Itinéraire raisonné de Marguerite de Valois en Gascogne d'après ses livres de comptes (1578-1586), 1902.pdf/29

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hommes… Prenons donc ceste bonne et nécessaire résolution de pourveoir à nostre conservation générale contre les pratiques et artifices des ennemys de nostre repos ; et je proteste devant Dieu, qui est nostre juge et qui pénètre jusqu’au plus profond de noz cœurs, que soubs l’auctorité du Roy mon seigneur, je vous maintiendroy tous en ma protection ; j’empescheray de tout mon pouvoir et par vostre advis et conseil des Officiers de la Couronne et principaulx seigneurs amateurs de la paix et tranquillité, qui sont en ce dict pays, toutes violences, foules et oppressions ; je feray rendre également justice à un chascun, tant de l’une que de l’aultre religion et avec pareil traictement ; je vous tiendray tous chers comme ma propre vie, courray sus avec vous à tous ceulx qui entreprendront de troubler nostre concorde publique. En quoy je n’espargneray ma vie, en tous les moyens que Dieu m’a donnez[1]. »

La campagne ne fut pas heureuse pour les protestants, durant la première moitié de l’année 1577. Au nord, le nouveau duc d’Anjou s’empara sur eux de la Charité-sur-Loire, une de leurs meilleures places fortes ; en Languedoc, Catherine gagna définitivement le maréchal de Damville qui trahit pour le marquisat de Saluces la cause du roi de Navarre ; et, en Guienne, ce dernier ne put, malgré le coup d’audace d’Eauze, s’emparer ni de Mirande, ni de Jegun, ni de Beaumont de Lomagne. Il est vrai que le capitaine Fabas et Rosny lui ouvrirent à ce moment les portes de La Réole ; mais ce succès fut atténué par l’échec de Langoiran sous les murs de Saint-Macaire, où d’Aubigné tomba grièvement blessé d’une arquebusade[2]. Henri de Navarre essaya bien de relever le moral de ses troupes en mettant le siège devant Marmande. Mais là encore, malgré sa bravoure et celle de Lanoue, il dut se contenter d’un succès relatif et signer avec le maréchal de Biron, qui arrivait avec des forces imposantes, une trêve nécessaire aux deux partis[3]. Les insuccès réitérés de Condé, obligé de lever le

  1. Lettres missives du Roi de Navarre, publiées par Berger de Xivrey. Tome i, pages 113-117.
  2. Voir sur tous ces combats les Mémoires du temps : d’Aubigné, Mémoires et Histoire universelle ; Sully, Œconomies royales ; etc., etc.
  3. Voir pour cette affaire de Marmande les longs détails qu’en donne d’Aubigné au tome ii, p. 257 (éd. de 1626), de son Histoire universelle, et ceux quelquefois contradictoires de Sully dans ses Œconomies royales. Dans sa Notice sur la ville de Marmande (Villeneuve-sur-Lot, 1872), le regretté Ph. Tamizey de Larroque en a reproduit les principaux passages.