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Page:Lauzun - Itinéraire raisonné de Marguerite de Valois en Gascogne d'après ses livres de comptes (1578-1586), 1902.pdf/34

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Bien que plusieurs écrivains aient soutenu le contraire[1], nous croyons que Marguerite suivit sa mère sans tristesse aucune, ni regrets de quitter la Cour. Dans ses Lettres comme dans ses Mémoires, elle le proclame hautement. « Revenues que nous fusmes d’Alençon, ayant toutes choses prestes pour mon partement, je suppliay encore le Roy de me laisser aller. Lors la Royne ma mère, qui avait aussi un voiage à faire en Gascogne pour le service du Roy (ce païs-là ayant besoin de luy ou d’elle), elle se résolut que je n’irois pas sans elle[2]. » Sans sa mère, que serait-elle devenue au Louvre ? Henri III, malgré ses caresses apparentes, la détestait. Son frère aîné, le duc d’Anjou, combattait dans les Flandres. Aussi est-ce avec joie qu’elle entreprit ce voyage, où, novice encore dans les ruses de la politique, elle comptait prendre quelque ascendant sur l’esprit, sinon sur le cœur, de son mari et retrouver à la Cour de Nérac le prestige et la considération auxquels lui donnait droit son titre de Reine de Navarre.



  1. Notamment l’Estoile dans son Journal.
  2. Mémoires de Marguerite, édit. Charpentier, p. 209.