Las Treilles, le château de Bonaguil, « Castrum de Bonegails » [1]
Ce premier château de Bonaguil devait être à cette époque nouvellement construit ; car, dans la série des actes d’hommages, rendus, douze ans auparavant, au comte de Toulouse, Alphonse de Poitiers, par les principaux seigneurs de l’Agenais (1259), il n’est point cité. Il est vrai que cette série ne donne pas un dénombrement complet de toutes les seigneuries de la région, beaucoup de hauts barons de l’Agenais, possesseurs d’autres terres dans les régions circonvoisines, ayant pu rendre hommage ailleurs que dans ce pays. Néanmoins il est permis de conclure qu’une construction militaire, refuge, motte féodale, tour de garde, château, fut élevée ou existait même déjà à Bonaguil dès le milieu du xiie siècle.
Maintenant, est-il possible de déterminer exactement toutes les parties du château actuel qui remontent à cette lointaine époque ? Nous ne le pensons pas. Bien téméraire en effet serait celui qui, se basant sur la différence des appareils, des assises, des liaisons, des reprises, des mortiers, prétendrait reconnaître partout les plus anciens fragments du château et affirmer qu’ils datent de telle ou telle époque.
Seul, le donjon semble faire exception. Car, si le haut, remanié et fortifié, porte tous les caractères du xve siècle, il est impossible, ainsi que nous le prouverons plus au long quand, dans notre description détaillée de chaque pièce, nous serons arrivé à ce corps de logis, de ne pas attribuer à ses assises inférieures, à la presque totalité de sa façade extérieure orientale et à toute la partie nord, représentée sur notre plan par la salle k’’, une date beaucoup plus reculée.
- ↑ Cet acte est le complément pour ce qui regarde l’Agenais du curieux procès-verbal, généralement connu sous le nom de Saisimentum du Languedoc, publié par Lafaille dans ses Annales de Toulouse, T. 1, Preuves, p. 1 et suiv. Il vient d’être publié pour la première fois par MM. G. Tholin et O. Fallières dans le T. XIII du Recueil de la Société des Sciences, Lettres et Arts d’Agen (1897). L’original se trouve aux Archives Nationales, à Paris. Q1. no 254.