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Page:Lauzun - Le Château de Bonaguil en Agenais, 1897.djvu/33

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DE BONAGUIL

con, à la fin de ce même xiiie siècle, à l’époque où surgissaient de tous côtés ces villes neuves, désignées depuis sous le nom de bastides, ces châteaux de forme particulière, ignorés de MM. de Caumont et de Viollet-le-Duc, et qu’un des premiers, croyons-nous, nous avons signalés sous le nom générique de Châteaux Gascons[1]. Tous sur plan rectangulaire, ils ne renferment à l’intérieur qu’un vaste corps de logis, une seule grande pièce, partagée quelquefois en deux par un mur de refend, hermétiquement fermée au rez de chaussée, sauf la porte cintrée très haute, éclairée au premier étage par des meurtrières en croix pattée et ajourée seulement au deuxième par d’élégantes fenêtres géminées à arcatures trilobées. Deux tours d’angle carrées, situées à leurs extrémités soit diagonalement, soit sur la même façade, défendent cescurieuses petites forteresses, échelonnées de part et d’autre de la frontière de l’Armagnac et du Condomois, depuis la vallée du Gers, à l’est, jusqu’aux Landes, à l’ouest, la plupart datées (1270-1290) et qui avaient pour objectif de surveiller la marche des troupes en terrain ennemi, ne servant guère au début que de corps de garde et de postes d’observation.

Ce genre de constructions militaires, tout à fait spécial à la frontière Armagnacaise, devient de plus en plus rare au fur et à mesure qu’on s’en éloigne. Vers le sud, dans la région Pyrénéenne, le type est différent. Donjon carré sur le milieu, dominant l’enceinte rectangulaire et flanqué de tours d’angle également carrées, tel est le genre qu’offrent, vers le commencement du xive siècle, les châteaux de Montespan, de Lespugue, de Beaucens, de Mauvezin, etc.[2]. Tandis que, au nord, sur les bords de la Garonne, de la Gironde,

  1. Châteaux Gascons de la fin du XIIIe siècle, par Ph. Lauzun (Auch, in-8o, 1897).
  2. De Caumont : Architecture militaire, p. 576. Cf. Anthyme Saint-Paul : Bulletin monumental, t. XXXII.