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Page:Lauzun - Le Château de Bonaguil en Agenais, 1897.djvu/47

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DE BONAGUIL

calibre, tels que fauconneaux, coulovrines ou ribeaudequins. En outre, une redoutable ceinture de mâchicoulis du xve siècle l’entourait. On en compte vingt-cinq du seul côté ouest. On remarquera entre autres les deux mâchicoulis qui défendent les deux extrémités, et qui, au point de vue architectonique, présentent une solution des plus heureuses.

La petite tour, qui s’élève à quelques marches au-dessus de la plateforme du donjon et qui elle-même était dominée par une guette, se terminait par une plateforme crénelée, comme celle du donjon, ceinte de mâchicoulis. On vient également de la reconstituer dans son état primitif. C’était le plus haut poste d’observation, celui où flottait en tous temps l’étendard du seigneur, et où se trouvait peut-être la cloche que l’on sonnait en cas d’alarme. La vue que l’on y découvre, quoique triste et monotone, est fort étendue. Outre que l’on plonge sur tout l’ensemble du château et que l’on peut ainsi très facilement en saisir les principales dispositions, on domine les hauteurs environnantes, on suit au sud-ouest les sinuosités de la vallée, et, par-delà Couvert, Condat et les coteaux de Fumel, on distingue dans la brume les horizons lointains de la rive gauche du Lot.

Le donjon de Bonaguil est caractéristique. Son éperon du xiiie siècle, à angle aigu, tourné du côté nord, c’est-à-dire du côté le plus accessible, était destiné, comme celui du château de Loches ou du donjon d’Issoudun, à empêcher l’ennemi de se servir du bélier. « Contre l’angle saillant, fait très-judicieusement observer Mérimée, le bélier ne pouvait agir efficacement, et, s’il était dirigé à droite ou à gauche de cet angle, les hommes qui le manœuvraient prêtaient le flanc aux traits des assiégés placés sur les courtines[1]. » De plus, isolé dans la suite au milieu du château, entouré de cours et absolument indépendant des autres corps de logis, il

  1. Étude sur les arts au moyen-âge : l’architecture militaire (Paris, in-8o. Levy, 1875, p. 241.)