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Page:Lauzun - Le Château de Bonaguil en Agenais, 1897.djvu/48

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LE CHÂTEAU

offrait un sûr et dernier refuge aux assiégés. Cas assez rare, surtout dans le sud-ouest de la France, où l’on prend trop facilement pour le donjon ce qui n’est que la tour principale. Néanmoins, quoique très fort, le donjon de Bonaguil est relativement petit. Il ne présente pas l’importance de ceux des châteaux du nord de la France, comme Coucy et Pierrefonds. C’est que, depuis longtemps déjà, à la fin du xve siècle, les mœurs des hauts barons s’étaient singulièrement adoucies. Soit qu’ils n’eussent plus à redouter les rudes sièges d’autrefois, soit que leur humeur altière se fut modifiée, le donjon, compris au milieu des autres bâtisses, mal ajouré, peu aéré, leur paraissait un lieu de séjour trop triste et trop étroit pour y passer leur vie. Ils avaient besoin d’air, de lumière, de distractions ; et ils préférèrent habiter les corps de logis qui donnaient directement sur la campagne. Nécessaire comme dernier asile en cas de siège, le donjon de Bonaguil devenait inutile en temps de paix. Aussi l’architecte, utilisant les restes de la construction du xiiie siècle, n’a-t-il cherché à les aménager qu’en vue d’une suprême défense. Les grands appartements, ceux habités par le seigneur et sa famille, devaient être plus vastes, plus gais. Ils furent établis à droite de la cour d’honneur, dans les courtines qui relient les trois grosses tours. Ce sont eux que nous allons visiter et décrire.

LA CAGE D’ESCALIER

En premier lieu, s’avançant dans la cour d’honneur, se présente la fourelle u, remarquable par sa belle porte ogivale du xiiie siècle, laquelle est couronnée d’une accolade surmontée d’un fleuron et accostée de deux pinacles. Sur le fronton on remarque les traces d’un écusson en pierre, mutilé, comme celui de la grande porte lors de la Révolution et où étaient sculptées les armes des Roquefeuil. Cette tour u était la cage d’un escalier à vis, desservant tous les étages et dont on voit encore la spirale le long du mur. De nombreuses portes et fenêtres s’ouvraient aux trois étages sur