Aller au contenu

Page:Lauzun - Le Château de Bonaguil en Agenais, 1897.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
56
LE CHÂTEAU

France, à plus forte raison ses vassaux rebelles, ne pourraient lui prendre ; et il choisit son assiette sur ce roc de Bonaguil, où s élevaient encore quelques derniers pans de mur du château du xiiie siècle, au fond de cette vallée sauvage et boisée qui lui offrait un asile à peu près inviolable.

Les travaux furent menés rapidement, si bien qu’une vieille chronique du commencement du xvie siècle, pouvait, peu après, écrire ce passage, absolument concluant sur la date, l’origine et le nom du constructeur du château :

« De mémoire est qu’aujourd’hui, vénérable à ses subjets pour sa vertu, et de qui le nom est asses public par ceulx qui s’émerveillent qu’un seigneur, non aydé des bienfaits du Roy ou de l’Église, ait eslevé un si somptueux édifice que celui de Bonneguille[1]. »

Si l’histoire du château de Bonaguil n’est, à quelque exception près, que celle de ses seigneurs, elle aura cependant ceci d’intéressant qu’elle nous fera assister à l’une des su-

  1. Cette chronique, ainsi que la plupart des documents qui seront indiqués au cours de ce chapitre, proviennent des Archives de la baronnie de Castelnau-de-Monratier. Elle est citée presque en son entier dans une Généalogie raisonnée de la famille de Roquefeuil, faite au xviie siècle, qui appartenait récemment encore à Mme la comtesse de Roquefeuil, habitant Toulouse et veuve du colonel comte de Roquefeuil, tué au siège de Sébastopol. Ces archives si précieuses, qui renfermaient l’histoire de la plupart des fiefs ayant appartenu aux Roquefeuil, notamment des seigneuries de Castelnau, de Flauniac, de Blanquefort, de Bonaguil etc., sont aujourd’hui totalement perdues. Elles se trouvaient au moment de la Révolution entre les mains de M. Léon de Bonal, dernier baron de Castelnau, qui les avait d’autant mieux groupées qu’il avait à les produire dans ses nombreux procès contre les consuls et plus tard la municipalité de Castelnau. Dans la suite, lorsque ces différends furent aplanis, ses héritiers vendirent à pleine corbeille et laissèrent perdre la plupart de ces pièces intéressantes. C’est à cette époque qu’elles furent connues de M. Léopold Limayrac, qui consacra de longues heures à les trier, à les compulser, à les copier en partie, n’osant malheureusement pas garder les originaux qui ne lui appartenaient pas et les sauver ainsi d’une entière destruction. Je dois à son extrême obligeance d’avoir pu prendre communication de ces copies, bien avant que, songeant aies utiliser pour son propre compte, il les ait publiées dans sa belle Monographie de la baronnie de Castelnau-de-Monratier. Ce dernier travail me permettra de compléter mes premiers renseignements historiques, en lui empruntant certains détails nouveaux, dont quelques-uns, fort curieux, étaient demeurés inconnus.