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la pointe du Fort-Royal ou Vieux-Fort-l’Olive, au midi, à la pointe du Petit-Fort, au nord ; 36 de cette pointe au fort de Sainte-Marie, à l’est ; 44 de ce fort à la pointe du Vieux-Fort-l’Olive.

Les Français, arrivés a la Guadeloupe le 28 juin 1635, s’établirent d’abord dans la partie septentrionale de cette île, sur les rives d’une rivière appelée du Petit-Fort ; ils abandonnèrent cette position l’année suivante, pour fonder un nouvel établissement dans la partie méridionale, sur les points désignés sous le nom de Fort-Royal ou Vieux-Fort-l’Olive. La guerre contre les Caraïbes nuisit au progrès de la colonisation ; mais en 1660 elle fut terminée, et la paix fut conclue avec les Indiens dépossédés entièrement. Sous l’impulsion d’un gouverneur intelligent, les travaux agricoles prirent une large extension ; les habitants affluèrent de tous côtés ; en 1692, la Guadeloupe avait constitué presque toutes les paroisses qui existent de nos jours ; des bourgs et des villes se bâtirent peu à peu.

La commune de Saint-Claude est l’une des plus admirables de la colonie. Les montagnes de l’Espérance, de Beau-Soleil, de Bellevue sont couvertes de sucreries qui ne tarderont pas à reprendre leur ancienne prospérité, car les cultures vont être provoquées par la création de l’usine de la Basse-Terre qui, depuis le 7 mai 1675, a commencé la manipulation des cannes.

Les premiers Français qui habitèrent la Guadeloupe virent les maladies se ruer sur eux, faute d’avoir pris les précautions suffisantes pour se mettre à l’abri des influences atmosphériques qui devaient nécessairement nuire à leur santé ; ils abattirent les arbres et s’exposèrent ainsi à l’action d’un soleil brûlant ; ils se jetèrent avec avidité sur les fruits du pays ; ils avaient chaud, et ils buvaient une eau glaciale pour se rafraîchir ; la sueur ruisselait sur leur corps ; ils venaient demander une température moins torride à l’ombrage d’un arbre ; leurs habitations, étant d’ailleurs fort mal construites, ne pouvaient les défendre contre les influences malignes du sol et des vents. Le sommeil était aussi dangereux pour eux que les vapeurs pestilentielles du jour ; enfin leur nourriture était mauvaise, peu succulente.

La plus terrible de ces maladies, appelée le coup de barre par le Père du Tertre, ensuite la maladie de Siam, fut la fièvre jaune. Le gouvernement a pris toutes sortes de précautions pour affaiblir les désastres causés par ce terrible fléau, mais il n’a pas toujours été facile d’atteindre le but ; cependant des changements, des refuges bâtis sur des points élevés, des précautions hygiéniques, une nourriture convenable ont donné les meilleurs résultats. La malaria n’exerce-t-elle pas en Corse les plus pernicieux effets ? et par des moyens combinés avec soin, on est parvenu à enrayer cette abominable maladie qui rendait ce pays inhabitable.

La Guadeloupe proprement dite a été le théâtre de bouleversements épouvantables qui ont donné naissance a de hautes montagnes dont la chaîne magnifique se prolonge du sud-sud-est au nord-nord-ouest. La plus élevée