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Page:Lavalley - Légendes normandes, 1867.djvu/236

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contre sa tête et fit quelques pas en pliant sous son fardeau.

— Élisabeth ! s’écria Germain avec un accent douloureux, vos yeux sont rouges : vous avez pleuré ?

— Je ne dis pas non ; mais il n’est pas défendu à une servante de pleurer, pourvu qu’elle fasse sa besogne.

— Au nom du ciel ! ne me parlez pas ainsi, reprit Germain en essayant d’arrêter la jeune fille.

— Laissez-moi, répondit-elle ; on va trouver que je suis restée trop longtemps aux champs. Je serai grondée. On m’a déjà reproché ce matin de voler le pain que je mange.

— Qui a pu dire cela ? s’écria Germain.

— Votre mère, dit Élisabeth. Vous voyez bien que vous avez tort de vous intéresser à une voleuse !

— Voyons, Élisabeth, ne vous fâchez pas ainsi. Vous n’ignorez pas que ma mère est un peu vive…

— Je ne l’ignore pas.

— Au fond, c’est une bonne femme…

— Je n’en doute pas.

— Et, malgré ses brutalités, elle vous aime.