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Page:Lavalley - Légendes normandes, 1867.djvu/32

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de changé au ciel, tandis que des hommes, nés pour s’aimer, s’égorgent comme des bêtes sauvages ! Moi-même, moi, ministre d’une religion de paix et d’amour, je dois me cacher, et ma tête est mise à prix ! Des milliers d’hommes sont proscrits ou persécutés, et Dieu ne parle pas ! Il ne commande pas aux éléments d’annoncer sa vengeance, pour nous prouver au moins qu’il ne voit pas sans colère le spectacle de tant d’iniquités. La maison garde encore quelques traces des hôtes qui ont vécu sous son toit ; et la terre ne s’inquiète pas de l’homme qui l’habite ! Et la nature ne prendrait pas le deuil, quand l’humanité souffre et pleure ! La Providence ne serait-elle qu’un mot ?

Le proscrit s’était remis machinalement en marche, et le hasard de la promenade l’avait conduit dans une petite allée qu’un mur, de peu d’élévation et qui tombait en ruine, séparait de la grand’route. Tout à coup le prêtre recula de plusieurs pas et poussa un cri de terreur.

Un homme, qui venait d’escalader le mur, tomba presque à ses pieds, au milieu de l’allée. Le visiteur nocturne ne fut guère moins effrayé que celui dont il avait interrompu si brusquement la rêverie.