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— Il avait le cou démesurément allongé, les yeux fous, la bouche grimaçante.

À moitié chemin, il s’arrêta et contempla la foule… avec quel dédaigneux sourire, nul ne saurait se l’imaginer ! Plus pâle que lui, le prêtre bégayait des mots sans suite, agitant son menu crucifix.

Ils s’avancèrent encore de quelques pas ; maintenant ils n’étaient plus éloignés de la… du… que de deux mètres. À bras-le-corps l’aumônier avait saisi le misérable et le gardait serré sur sa poitrine.

— « Voulez-vous… m’embrasser ? » lui demanda-t-il en sanglotant.

— « Je veux bien, m’sieur », fut-il répondu, mais très bas. Et tout de suite un double baiser claqua dans l’air froid de l’aube.

Le prêtre, défaillant, s’écarta. Debout, l’homme vivait, respirait…

Et en une seconde, comme s’il bondissait d’un tremplin, il fut tête première, lancé et aplati avec un bruit de paquet de cordes, sur la planche qui chavira. Le bourreau gesticula… Une… deux !… Le couteau partit.

Je pensai : « Cette fois…

Boum !

— « Atout ! » jeta un gavroche du haut d’un marronnier.

Henri Lavedan.
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BIBLIOGRAPHIE


Henri LAVEDAN, né à Orléans, le 9 Avril 1859.


Reine Janvier. — (Éditeur de Brunhoff, Paris).

Mam’zelle Vertu. — (Quantin, éditeur, Paris).

Lydie. — (Quantin, éditeur, Paris).




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