Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/107

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pussent se rendre dans la grande salle. Les camériers faisaient faire place devant elles.

Chevaux et gens quittèrent la cour. Un évêque conduisait chacune des deux princesses qui se rendait à la table royale. La suite des galants chevaliers venait après elles.

Le roi était assis à côté de sa femme plein d’espoir. Il pensait sans cesse à ce que Siegfrid lui avait promis. Ce seul jour lui sembla durer trente jours au moins. Son âme tout entière était absorbée par l’idée de l’amour de Brunhilt.

Il attendit avec peine qu’on quittât la table. On conduisit la belle Brunhilt et Kriemhilt aussi, chacune vers son appartement. Oh ! quelles vaillantes épées on voyait marcher devant le roi.

Le seigneur Siegfrid était assis tendrement à côté de sa femme charmante ; sa joie était grande et sans mélange. De ses blanches mains elle caressait les siennes, quand tout à coup il disparut à ses yeux sans qu’elle sût comment.

Voilà qu’ils badinaient ensemble et soudain elle ne le voit plus. La reine dit à ses suivantes : — « C’est vraiment un prodige ; où donc peut être passé le roi ? Qui a pu prendre ainsi ses mains hors des miennes ? »

Puis elle cessa de parler. Il était allé là où se tenaient les camériers portant des flambeaux. Il commença par les éteindre aux mains de ces enfants : Gunther comprit que Siegfrid était là.

Le roi savait bien ce qui allait se passer. Aussi fit-il partir dames et damoiselles. Quand cela fut fait le noble prince alla lui-même fermer la porte ; puis il tira deux solides verroux.