Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/106

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si près de toi que désormais elle ne te refusera plus jamais son amour. » Ces paroles consolèrent Gunther de sa douleur.

— « Maintenant, regarde mes mains, comme elles sont gonflées. Elle m’a dompté comme si j’étais un enfant. Le sang jaillissait de mes ongles. Je croyais que j’y aurais laissé la vie. »

Le puissant Siegfrid parla : — « Ne crains rien, tu en reviendras. Nos nuits n’ont pas été semblables. Ta sœur Kriemhilt m’est comme ma propre chair. Il faut qu’aujourd’hui même dame Brunhilt devienne ta femme. »

Puis il ajouta : — « La nuit je viendrai dans ta chambre, invisible par l’effet de ma Tarnkappe, de sorte que personne ne pourra se douter de la ruse. Laisse donc tes camériers se rendre à leurs logements.

« J’éteindrai les lumières dans les mains des enfants. Ce te sera le signe que je suis là tout prêt à te venir en aide. Je forcerai cette femme à t’accorder son amour, ou bien j’y laisserai ma vie. »

— « Pourvu que tu ne lui marques point d’amour, répondit le roi, tu peux faire ce que tu veux à ma chère épouse. Du reste, j’en serai satisfait. Quand tu devrais lui prendre la vie, j’y consentirais encore. C’est une femme terrible ! »

— « Je promets sur ma foi, dit Siegfrid, de ne lui point témoigner d’amour. Je préfère ta charmante sœur à toutes les femmes que j’aie jamais vues. » Gunther crut sans arrière-pensée aux paroles de Siegfrid.

Les guerriers se livraient pendant ce temps aux plaisirs et aux dangers des jeux chevaleresques. On mit fin aux tournois et aux chocs des lances, afin que les femmes