Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/160

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Les guerriers du Nibelunge-lant parlaient entre eux : — « Il faut que d’une ferme volonté nous consacrions notre bras à sa vengeance. Il est dans cette maison, celui qui a commis le meurtre. » Tous les hommes de Siegfrid coururent s’armer.

Ces hommes d’élite arrivèrent là au nombre de onze cents et Sigemunt le riche était à leur tête. Il voulait venger la mort de son fils, ainsi que le lui commandait son honneur.

Ils ne savaient pas qui ils devaient attaquer, sinon Gunther et ses fidèles qui avaient accompagné le seigneur Siegfrid à la chasse. Quand Kriemhilt les vit armés, ce fut pour son cœur une nouvelle amertume.

Quelque grande que fût sa douleur, quelque terrible que fût sa détresse, elle craignit tellement de voir succomber les Nibelungen sous la main des fidèles de son frère, qu’elle les arrêta. Elle les admonesta avec douceur, comme l’aurait fait un ami fidèle.

Cette femme riche en infortunes parla : — « Mon seigneur Sigemunt, qu’allez-vous tenter ? Vous ne savez pas combien d’hommes vaillants a le roi Gunther. Vous vous perdrez tous, si vous voulez attaquer ces guerriers. »

Leurs boucliers fortement attachés au bras, ils avaient soif de combattre. La noble reine les pria, leur commanda de s’en abstenir ; ces guerriers magnanimes n’y voulaient pas consentir, car cela leur brisait le cœur.

Elle dit : — « Mon seigneur Sigemunt, laissez-là ce projet jusqu’en des moments plus opportuns. Je serai toujours avec vous pour venger mon époux. Celui qui me l’a ravi, quand je le connaîtrai, me le paiera cher.

« Ils ont ici aux bords du Rhin une trop grande puis-