Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/182

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vos compagnons. » Les bons et nobles chevaliers remercièrent gracieusement à l’envi la jeune margrave. Gœtelint connaissait bien les volontés du seigneur Ruedigêr.

La nuit, quand elle reposa à côté de son époux, la margrave se prit à lui demander affectueusement où l’avait envoyé le roi du pays des Hiunen. Il dit : — « Ma femme Gœtelint, je vous le ferai volontiers connaître.

« Je vais demander en mariage une autre épouse pour mon maître, puisqu’il a perdu la belle Helche. Je veux aller aux bords du Rhin vers Kriemhilt qui deviendra ici la dame très puissante des Hiunen. »

— « Dieu veuille, dit Gœtelint, qu’il puisse en être ainsi, puisque nous entendons qu’on lui accorde tant de vertus. Peut-être que dans nos vieux jours, elle me consolera de la perte de ma maîtresse. Nous pouvons bien volontiers lui laisser porter la couronne parmi les Hiunen.

Le margrave parla : — « Ô ma bien-aimée, il faut offrir gracieusement de vos biens à ceux qui doivent m’accompagner aux bords du Rhin. Quand les guerriers voyagent avec quelques richesses, ils portent le cœur haut. »

Elle dit : — « Il n’en est pas un de ceux qui voudront accepter mes dons, à qui je ne donnerai pas ce qui lui convient le mieux, avant que vous partiez d’ici, vous et vos hommes. » — Le margrave dit : « Ce sera pour moi une grande satisfaction. »

Oh ! que de riches étoffes on prit dans son trésor ! On distribua à ces nobles guerriers de quoi les vêtir complètement de la tête jusqu’à l’éperon. Ce qui leur plaisait, Ruedigêr le choisissait pour eux.

Au septième matin, le seigneur avec ses hommes partit de Bechlâren, chevauchant. Ils emportèrent à profusion,