Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/188

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— « Eh bien, je veux tous faire connaître ce que je vois clairement. Si elle prend Etzel pour époux et qu’elle continue à vivre, elle nous causera beaucoup de maux, n’importe comment il faudra qu’elle s’y prenne. Car, maints guerriers superbes seront là à son service. »

Le hardi Gêrnôt répondit à ces mots : — Il peut bien arriver que nous ne visitions pas le pays d’Etzel, avant leur mort à tous deux. Nous lui serons fidèles et il nous en viendra de l’honneur. »

Mais Hagene reprit : — « Personne ne me soutiendra cela. Je répète que si la noble Kriemhilt doit porter la couronne d’Helche, j’ignore comment elle fera, mais il nous en arrivera malheur. Abandonnez donc ce projet ; cela vaudra mieux pour vous, guerriers. »

Gîselher, le fils de la belle Uote, répondit avec colère : — « Non, nous n’agirons pas tous traîtreusement. Nous devons être joyeux des honneurs qui l’attendent. Quoi que vous puissiez dire, Hagene, je la servirai, moi, fidèlement. »

Quand Hagene entendit ces mots, il s’irrita. Gêrnôt et Gîselher, les fiers et bons chevaliers, et Gunther le riche décidèrent enfin que si Kriemhilt le voulait, ils consentiraient au mariage, sans nul mauvais vouloir.

Alors le prince Gêre parla : — « Je dirai à ma dame qu’elle doit agréer le roi Etzel : tant de guerriers lui sont soumis avec respect. Il peut la dédommager de toutes les peines qu’elle a souffertes. »

Le héros rapide se rendit là où se trouvait Kriemhilt. Elle le reçut amicalement. Comme il lui parla promptement : — « Oui, vous pouvez bien volontiers me saluer et me faire présenter le don du messager. Un grand bonheur vient vous tirer de vos afflictions.