Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/189

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Pour l’amour de vous, ô dame, un des meilleurs rois qui jamais aient obtenu un royaume avec gloire, ou qui aient porté la couronne, a envoyé en ce pays de nobles chevaliers qui vous demandent en mariage. Voilà ce que vos frères vous font dire. »

— La femme riche en malheurs parla : — « Dieu vous défend, à vous et à tous mes amis, de se jouer à ce point de moi, pauvre infortunée. Que puis-je être pour un homme qui mérita l’amour d’une femme excellente ? »

Elle fit mainte objection. Mais Gêrnôt, son frère, et Gîselher l’enfant, arrivèrent bientôt ; ils la supplièrent amicalement et consolèrent son âme, lui disant que si elle acceptait le roi, ce serait certainement un grand bonheur pour elle.

Nul ne put obtenir de la femme qu’elle consentit à aimer encore un autre homme. Les guerriers insistèrent : « Consentez du moins, si vous ne voulez faire davantage, à recevoir les messagers avec calme. »

— « Je ne m’y refuserai point, dit la noble femme, je verrai volontiers Ruedigêr, à cause de ses nombreuses vertus. Tout autre messager n’eût pas été admis. »

Elle ajouta : — « Vous lui direz de se rendre demain en mes appartements. Je veux qu’il m’entende, et je lui ferai volontiers connaître moi-même ma décision. » Et elle se reprit à gémir lamentablement.

Le noble Ruedigêr ne désirait rien de plus que de voir l’illustre reine. Il se savait si habile, qu’il croyait, si la chose était possible qu’elle se laisserait persuader par lui.

Le lendemain matin de bonne heure, tandis qu’on chantait la messe, vinrent les nobles messagers. La foule était grande ; on voyait maints guerriers superbes, riche-