Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/197

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n’ont pas de chevaux pour l’emporter : Hagene veut le garder ; qu’on en prévienne Kriemhilt. »

Quand elle apprit ces paroles, ce fut pour elle une douleur mêlée de colère. On les répéta aussi aux trois rois, qui voulurent s’y opposer. Mais cela n’ayant pas eu lieu, le noble Ruedigêr dit très joyeusement :

— « reine très puissante, pourquoi regretteriez-vous cet or ? Le roi Etzel vous est si extraordinairement attaché, que si ses yeux vous voient, il vous donnera tant de richesses que vous ne pourrez jamais les dissiper. Je vous en donne l’assurance. »

La reine répondit : — « Très illustre Ruedigêr, jamais fille de roi n’acquit des richesses aussi grandes que celles dont Hagene m’a dépouillée. » Son frère Gêrnôt s’avança vers la chambre du trésor.

Par l’autorité du roi il introduisit la clef dans la porte. Il distribua l’or de Kriemhilt, d’une valeur de trente mille marcs et plus, et le fit accepter par les étrangers : Gunther l’approuva.

Le guerrier de Bechlâren, l’époux de Gœtelint, prit la parole : — « Quand ma souveraine Kriemhilt pourrait avoir tout l’or qui lui fut apporté du Nibelunge-lant, ni la main de la reine, ni la mienne n’y toucheraient.

« Vous pouvez bien conserver ce trésor, car pour moi je n’en veux pas. J’ai apporté de mon pays suffisamment de mon bien, pour ne manquer de rien le long du chemin, et en partant d’ici j’ai de quoi pourvoir largement aux frais du voyage. »

Mais cependant on offrit aux femmes de la reine, douze coffres remplis du meilleur or qu’on pût trouver. Elles les emportèrent avec elles, ainsi que les orne-