Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/243

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Cette nouvelle vola d’escadron en escadron. Plus d’un héro agile en devint sombre ; car ils se mirent à penser avec souci à cette dure mort qui les attendait en ce voyage de fête, et certes ce n’était pas sans motif.

Ils avaient passé le fleuve près de Mœringen ; c’était là que le nautonnier d’Else avait été tué. Mais Hagene parla : — « Puisque je me suis déjà fait des ennemis sur la route, certes ici on nous arrêtera.

« ce matin de bonne heure, je tuai le batelier, sachez ce fait. Donc mettons hardiment la main à l’œuvre, et si Gelpfrât avec Else ose attaquer notre suite, qu’il leur en arrive malheur !

« Je sais qu’ils sont assez braves pour ne pas attendre longtemps. C’est pourquoi faites aller les chevaux plus doucement, afin que personne ne s’imagine que nous fuyons par le chemin. » — « Je suivrai ce conseil, répondit Gîselher la bonne épée.

« Qui conduira nos troupes à travers le pays ? » — « Ce sera Volkêr, répondit-on, car ce brave ménestrel connaît les chemins et les sentiers. » Avant qu’on eût achevé ces paroles, on vit debout et bien armé

Le rapide joueur de viole. Il attacha son heaume ; son costume de bataille était d’une magnifique couleur. Il fixa au haut de sa lance une banderole rouge. Depuis lors il se trouva avec les rois dans un terrible danger.

La nouvelle de la mort du nautonnier était arrivée à Gelpfrât, qui n’en pouvait douter. Else le très fort en était aussi instruit ; tous deux en étaient affligés. Ils firent quérir leurs guerriers, qui furent bientôt prêts.

En peu de temps, je veux vous le raconter, on vit accourir autour d’eux beaucoup de terribles escadrons, qui