Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/245

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j’y ai été obligé, car j’ai presque reçu de ses mains une mort horrible.

« Je lui offris pour récompense de l’or et des vêtements, afin qu’il nous transportât, ô héros, en ton pays. Il s’en irrita si fort, qu’il me frappa avec un énorme aviron ; cette attaque excita ma fureur !

« Je tirai mon épée et, me défendant contre sa rage, je lui fis une profonde blessure ; cet homme brave en mourut ; mais je suis prêt à composer pour sa perte, suivant que vous le trouverez bon. » On commença à se disputer de part et d’autre : les esprits étaient très excités.

— « Je savais bien, dit Gelpfrât, que si Gunther et sa troupe passaient par ici, nous souffririons du dommage par la main de Hagene de Troneje. Mais il n’échappera pas. Ce guerrier doit répondre pour la mort du nautonnier. »

Hagene et Gelpfrât abaissèrent leurs lances au dessus des boucliers, afin d’en percer leur ennemi. Tous deux désiraient la mort de leur adversaire. Else et Dancwart se lancèrent l’un contre l’autre, ils éprouvèrent leur valeur ; Ah ! ce fut un rude combat.

Quand des guerriers se sont-ils jamais mieux battus ? D’un coup terrible la main de Gelpfrât poussa l’audacieux Hagene à bas de son cheval. La courroie de sa cuirasse se rompit ; il apprit ce que c’était qu’un combat.

Le bruit des lances de leurs hommes retentissait au loin. Hagene, jeté sur le gazon par la violence du choc, se releva : sa fureur contre Gelpfrât redoubla.

J’ignore qui tint leurs chevaux. Hagene et Gelpfrât étaient tous deux à terre sur le sable ; ils s’élancèrent l’un sur l’autre. Leurs compagnons s’entre-choquèrent en une effroyable mêlée.