Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/246

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quelle que fût la rage de Hagene à assaillir Gelpfrât, le noble margrave n’en abattit par moins une grande partie de son bouclier ; le feu en jaillit. L’homme-lige du roi Gunther faillit bien perdre la vie.

Il se mit à appeler Dancwart à haute voix : — « À l’aide, frère chéri, un héros au bras rapide m’a assailli ; il en veut à ma vie. » Le hardi Dancwart répondit : — « Moi je vais vous séparer. »

Le héros bondit vers eux et, d’un coup de son épée bien acérée, il étendit Gelpfrât mort à ses pieds. Else aurait voulu venger le vaincu ; mais lui et sa troupe se retirèrent avec de grandes pertes.

Son frère était tué, lui-même était blessé. Plus de quatre-vingts de ses guerriers demeurèrent sur le champ de bataille en proie à l’affreuse mort. Leur maître était obligé de fuir devant les hommes de Gunther.

Ceux du Beierlant, se retirant de la route, on entendit encore retentir de terribles coups. Les hommes de Troneje se mirent à la poursuite des ennemis, qui, voulant échapper à la mort, fuyaient en toute hâte.

Quand il les vit reculer ainsi, Dancwart, la bonne épée, parla : — « Nous allons aussitôt rebrousser chemin, et nous les laisserons chevaucher ; ils sont tout baignés de sang. Hâtons-nous de rejoindre nos amis, voilà ce que je vous conseille. »

Quand ils repassèrent sur le lieu du combat, Hagene de Troneje dit — « Héros, nous allons voir qui nous manque et qui nous avons perdu ici, dans cette rencontre, par la fureur de Gelpfrât. »

Ils avaient perdu quatre des leurs, qu’ils pleurèrent avec raison, mais ils étaient bien vengés ; car, de l’autre