Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/256

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étaient placés en face d’eux. Ils réfléchissaient en eux-mêmes, comme le fait souvent la jeunesse en pareil cas.

Quand on se mit à demander à l’aimable vierge si elle acceptait le guerrier, elle en fut à moitié attristée. Pourtant elle pensait à choisir le beau jeune homme, mais cette question effarouchait sa pudeur, ainsi qu’il arrive à plus d’une vierge.

Son père Ruedigêr lui conseilla de dire oui et qu’elle l’acceptait volontiers. Aussitôt le jeune Gîselher s’avança vers elle et lui prit ses blanches mains. Combien peu elle jouit de sa présence !

Le margrave parla : — « nobles et puissants rois, quand vous retournerez en Burgondie, suivant la coutume, je vous donnerai mon enfant, afin que vous l’emmeniez avec vous. » Ils le promirent.

Grands furent les cris de joie, mais il fallut cependant y mettre fin. On engagea la jeune femme à se retirer en sa chambre et les hôtes à dormir en repos jusqu’au jour. Alors on prépara des vivres. Ruedigêr les traita avec la plus grande bonté.

Quand ils eurent pris leur premier repas, ils voulurent partir vers le Hiunen-lant. — « Certes je m’y opposerai, dit le noble chef, vous resterez encore ici, car rarement j’ai eu chez moi des hôtes qui me fussent aussi chers. »

Dancwart répondit : — « Cela ne peut être. Où prendriez-vous les vivres, le pain et le vin, si vous deviez avoir encore aujourd’hui tant de gens à nourrir ? » Quand Ruedigêr entendit cela il répliqua : — « Laissez là ce discours.

« Non, mes très chers seigneurs, vous ne refuserez pas : je vous donnerai bien les vivres pendant quatorze