Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/272

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facilement tout ce qu’on peut dire de lui. Je l’ai vu dans vingt-deux combats, et par son fait, que de femmes ont eu le cœur brisé !

« Lui et le héros d’Espagne ont accompli bien des exploits, pendant que, près d’Etzel, ils combattaient en maintes batailles, en l’honneur du roi. Cela est arrivé souvent, et pour ce motif, on ne peut contester la gloire de Hagene.

« Alors le guerrier était encore adolescent. Les jeunes gens de ce temps-là, comme ils ont grisonné maintenant ! Il est dans toute la force de son esprit, et c’est un homme terrible. Il porte Balmung, qu’il acquit déloyalement. »

Là-dessus on se sépara sans combattre : ce fut un grand crève-cœur pour la reine. Les Hiunen se retirèrent, car ils craignaient de recevoir la mort de la main du ménestrel, et certes ils eussent été en grand péril !

Le joueur de viole parla : — « Nous avons bien vu maintenant que nous rencontrons ici des ennemis, comme nous l’avons entendu dire. Allons rejoindre le roi à la cour, et personne alors n’osera attaquer nos maîtres.

« Souvent les hommes renoncent par crainte à leurs projets, quand l’ami se tient fidèlement à côté de son ami, et s’il a du bon sens, il n’agira jamais autrement. Un sens droit empêcherait la perte de bien des hommes. »

— « Je vous suivrai, » dit Hagene. Ils allèrent trouver les guerriers richement vêtus, qui se préparaient pour la réception à la cour. Volkêr le hardi se mit à parler à très haute voix

À ses maîtres : — « Combien de temps demeurerez-vous ici à vous laisser presser par la foule ? Rendez-vous à la cour, et apprenez du roi quelles sont ses dispositions. » On vit se rassembler ces héros braves et bons.