Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/294

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Mainte femme de héros pleura ce moment : levant son bouclier il en serra plus fort les courroies et fit ruisseler des flots de sang sur plus d’une cotte de mailles.

— « Malheur à moi ! quelle souffrance, s’écria le fils d’Adriân. Maintenant reculez, guerriers Hiunen ! Laissez-moi prendre de l’air ; que le vent me rafraîchisse, car je suis fatigué du combat. » Et l’on vit le héros s’avancer bravement.

Ainsi épuisé de la lutte il s’élança hors de ce logis. Que d’épées résonnèrent sur son heaume ! Ceux qui n’avaient pas vu les merveilles faites par son bras, bondirent à l’encontre du guerrier du pays burgonde.

— « Dieu veuille, dit Dancwart, que je puisse avoir un messager, pour faire savoir à mon frère Hagene en quelle extrémité me réduisent ces assaillants. Il me délivrerait d’eux ou il tomberait tué à mes côtés. »

Les Hiunen répondirent : — « Tu seras, toi, le messager, quand nous te porterons mort devant ton frère. Alors l’homme-lige de Gunther connaîtra enfin la douleur. Tu as causé ici tant de maux au roi Etzel. »

Il reprit : « — « Cessez vos menaces et éloignez-vous de moi, ou j’inonderai encore de sang la cuirasse de plus d’un d’entre vous. J’irai raconter moi-même la nouvelle à la cour et je me plaindrai à mon seigneur de vos furieuses attaques. »

Il se défendit si vigoureusement contre les hommes d’Etzel qu’ils n’osèrent plus l’attaquer avec l’épée. Ils lancèrent leurs piques dans son bouclier, qui en devint si lourd, qu’il dut le laisser tomber de son bras.

Ils crurent bien le vaincre, maintenant qu’il ne portait plus son bouclier. Mais que de profondes blessures il leur