Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/319

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Alors la femme d’Etzel fit mettre le feu à la salle. On tortura par les flammes les corps de ces héros. Bientôt, par suite du vent, l’incendie embrasa tout le palais. Jamais guerriers, je rois, ne subirent pareil supplice.

Beaucoup criaient : — « Hélas ! cruelle extrémité ! mieux nous eût valu trouver la mort dans le combat. Que Dieu ait pitié de nous ! Nous sommes tous perdus. Maintenant la reine fait tomber sur nous sa colère d’une façon effroyable ! »

L’un d’eux prit la parole : — « Nous devons succomber ; à quoi nous servent maintenant les salutations que le roi nous envoya ? La grande chaleur me fait tellement souffrir de la soif, que je crois bien que ma vie s’éteindra bientôt en ces tourments. »

Hagene de Troneje, le bon guerrier, répondit : — « Que ceux qui souffrent l’angoisse de la soif, boivent du sang. Dans une pareille chaleur, cela vaut mieux que du vin. Il ne peut rien y avoir de meilleur en ce moment. »

Le guerrier se dirigea vers un mort, s’agenouilla devant lui, délia son casque, puis se mit à y boire le sang qui coulait des blessures. Quelque étrange que ce fût, cela parut lui faire grand bien.

— « Que Dieu vous récompense, dit l’homme épuisé, pour l’avis que vous m avez donné de boire ce sang. Rarement un meilleur vin m’a été versé. Si je survis, je vous en serai toujours reconnaissant. »

Quand les autres entendirent qu’il s’en trouvait bien, il y en eut beaucoup qui se mirent aussi à boire du sang. Cette boisson accrut la force de leurs bras. Bientôt maintes belles femmes en perdirent leurs amis bien-aimés.