Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/320

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les brandons enflammés tombaient de toutes parts sur eux dans la salle ; mais ils les faisaient glisser à terre, s’en préservant avec leurs boucliers. La fumée et la chaleur les faisaient beaucoup souffrir. Je pense que jamais héros ne furent exposés à d’aussi grands tourments.

Hagene de Troneje leur dit : — « Tenez-vous près des murs de la salle. Ne laissez point tomber les brandons sur les visières de vos heaumes. Enfoncez-les avec les pieds plus profondément dans le sang. Ah ! c’est une triste fête que la reine nous offre. »

Le voûte qui couvrait la salle, préserva beaucoup les étrangers, et un grand nombre parvint à échapper à la mort. Mais ils souffrirent des flammes qui pénétraient par les fenêtres. Fidèles à ce que leur commandait leur courage, ainsi se défendirent ces guerriers.

La nuit s’écoula pour eux au milieu de ces tourments. Le hardi ménestrel et Hagene, son compagnon, se tenaient encore devant le palais, appuyés sur leurs boucliers et attendant de plus rudes assauts de la part des hommes d’Etzel.

Le joueur de viole dit : — « Maintenant, rentrons dans la salle : ainsi les Hiunen croiront que nous sommes tous morts dans le supplice qu’ils nous ont fait subir. Mais ils nous verront encore dans la mêlée tenir tête à plus d’un. »

Le jeune Gîselher de Burgondie parla : — « Je crois que le jour va venir ; un vent frais se lève. Le Dieu du ciel nous laissera encore vivre heureux quelque temps. Ma sœur Kriemhilt nous a donné une fête épouvantable ! »

L’un d’eux dit : — « Je vois le jour, et puisque un sort plus favorable ne nous est pas réservé, armons nous, et