Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/346

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Ils s’étaient donné réciproquement une mort affreuse.

Le fidèle de Dietrich ne pouvait pas conserver la vie. Quand le vieux Hildebrant vit tomber Wolfhart, jamais, je crois, dans sa vie il n’éprouva peine plus grande.

Tous les hommes de Gunther et ceux de Dietrich étaient morts. Hildebrant se rendit à la place où Wolfhart était tombé dans le sang et il prit dans ses bras le guerrier bon et hardi.

Il voulut l’emporter hors du palais, mais la charge était trop lourde ; il dut l’abandonner. L’homme blessé à mort et gisant dans le sang, tourna ses yeux vers son oncle et vit bien que volontiers il aurait voulu l’enlever de là.

Le moribond parla : — « Mon oncle bien-aimé, il ne faut pas en ce moment vous dévouer trop à moi. Gardez-vous de Hagene, voilà ce que je crois qu’il faut faire. Il porte dans son cœur des sentiments féroces.

« Et si mes parents veulent me plaindre, après ma mort, vous le plus proche et le meilleur d’entre eux, vous direz de moi, que, s’ils me pleurent, c’est sans motif. Je suis tombé tué glorieusement sous les coups d’un roi.

« J’ai aussi d’avance si bien vengé ma mort, que les femmes de maints bons chevaliers en verseront des larmes. Et si quelqu’un vous interroge, vous pourrez répondre aussitôt que de ma main j’ai abattu plus de cent ennemis. »

Hagene, pensant au ménestrel, à qui le brave Hildebrant avait enlevé la vie, parla au héros : — « Vous porterez la peine de ma douleur ; car vous avez enlevé aujourd’hui tant de braves guerriers. »

Il frappa sur Hildebrant si fortement qu’on entendit résonner Balmung, que Hagene le hardi avait enlevé à Sieg-