Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/45

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Dans la furieuse tempête, les guerriers en grand nombre tombaient de leurs chevaux. Ils se précipitèrent l’un sur l’autre, Siegfrid le hardi et Liudgêr. On voyait voler les traits et plus d’une pique aiguë.

La boucle du bouclier vola en éclats sous la main de Siegfrid. Le héros du Nîderlant pensa qu’il allait remporter la victoire sur les braves Sahsen qu’on voyait fourmiller là. Combien de mailles brillantes brisa le vaillant Dancwart.

Le chef Liudgêr aperçut une couronne peinte sur le bouclier que portait Siegfrid. Il reconnut que c’était l’homme fort, et le héros se prit à crier haut à ses amis :

— « Vous tous, mes hommes, cessez le combat, j’ai vu ici le fils de Sigemunt ; j’ai reconnu le fort Siegfrid. Le mauvais démon l’a envoyé vers les Sahsen. »

Dans le tourbillon du combat, il fit abaisser la bannière : il désirait la paix. Elle lui fut accordée ; cependant il devait se rendre prisonnier dans le pays de Gunther : la main de Siegfrid l’y avait contraint.

De commun accord on cessa le combat. Leurs mains déposèrent casques et boucliers percés à jour. Tous ceux qu’on voyait là portaient les traces sanglantes des mains des Burgondes.

Ceux-ci firent prisonniers qui ils voulaient ; certes ils en avaient le droit. Gêrnôt et Hagene, ces héros rapides, firent mettre les blessés sur des civières ; ils emmenèrent avec eux vers le Rhin cinq cents captifs.

Les guerriers vaincus chevauchèrent vers le Tenemark. Les Sahsen n’avaient pas si bien combattu qu’on pût les louer : cela faisait grande peine aux héros. Ceux qui étaient tombés furent beaucoup pleurés par leurs amis.