Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/67

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lements, et s’ils n’étaient pas trop longs ou trop courts. Ils furent trouvés de bonne mesure. On remercia grandement les dames.

Quiconque les voyait devait avouer qu’il n’avait jamais rien vu de si beau au monde. Et certes ils pouvaient les porter avec plaisir à la cour lointaine. Nul ne peut vous citer de plus beaux vêtements de guerriers.

Les remercîments ne furent point épargnés. Les guerriers très vaillants désiraient prendre congé : ils le firent suivant les us de la chevalerie. Des yeux brillants furent assombris et mouillés de pleurs.

Kriemhilt dit : — « Ô ! frère très aimé, demeurez, il en est temps encore, et recherchez une autre femme (voilà ce que j’appellerais agir sagement) qui ne mette point votre vie en danger. Vous pouvez trouver non loin d’ici une femme d’une haute naissance. »

J’imagine que leur cœur leur disait ce qui devait arriver. Elles pleuraient toutes ensemble dès qu’un mot était prononcé. L’or qui ornait leur poitrine était terni par les larmes abondantes qui tombaient de leurs yeux.

Elle parla : — « Seigneur Siegfrid, laissez-moi recommander à votre fidélité et à votre merci mon frère bien-aimé ; que rien ne l’atteigne au pays de Brunhilt. » Le très hardi en fit le serment entre les mains de Kriemhilt.

Le puissant guerrier parla : — « Si je conserve la vie, soyez sans souci, ô dame, je le ramènerai sain et sauf sur le Rhin ; tenez ceci pour certain. » La belle vierge s’inclina.

On apporta sur le sable les boucliers couleur d’or et le reste de l’équipement. On fit approcher les chevaux ; les héros voulaient partir. Bien des larmes furent versées par mainte belle femme.