Page:Laveleye - Les Nibelungen.djvu/87

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C’était bien par cent livres qu’il donnaît sans compter. Beaucoup quittèrent la salle en riches vêtements qui jamais n’en avaient porté de pareils. La reine l’apprit : cela lui causa peine et souci.

Alors elle dit : — « Seigneur roi, je me figure que votre camérier ne veut pas me laisser beaucoup de mes vêtements ; il dissipe entièrement mon or. À celui qui saurait encore l’en empêcher, je serais toujours obligée.

« Il donne de si riches présents qu’il parait s’imaginer, ce guerrier, que je pense déjà à ma mort ; mais je veux encore en user et je compte bien dépenser ce que mon père m’a laissé. » Jamais reine n’eut camérier aussi prodigue.

Hagene de Troneje parla : — « Sachez, ô dame, que le roi du Rhin a tant d’or et d’habits à donner que nous sommes résolus de ne rien emporter du pays de Brunhilt. »

— « Non pas, répondit la reine ; pour me faire plaisir, qu’on remplisse vingt coffres de voyage avec de l’or et de la soie, que ma main distribuera quand nous serons arrivés au pays des Burgondes. »

On remplit les coffres de pierres précieuses. Son propre camérier devait présider à cet office, car elle ne voulait plus se fier à l’homme de Gîselher. C’est pourquoi Gunther et Hagene se prirent à rire.

La vierge parla : — « À qui laisserai-je ma terre ? Il faut d’abord que ma main et la vôtre mettent ordre à cela. » Le noble roi répondit : « Faites appeler ici celui que vous préférez, ce sera lui que nous ferons chef. »

La dame vit près d’elle l’un de ses plus proches parents ; il était le frère de sa mère. La vierge lui dit : —